Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Sous nos paupières, le monde

Une relecture de l'actualité. Dans chaque regard porté sur le monde, il y a l'éveil d'une fiction...

BÉNÉVOLÉE

Vu au JT de 20 heures de TF1, le 24 décembre 2015... Le Secours Populaire a invité des dizaines d'enfants à assister au spectacle "Alice et autres merveilles" au Théâtre de la Ville et lorsque le journaliste a demandé à l'un d'entre eux de nous parler du Secours Populaire, celui-ci a eu cette délicieuse réponse : "Ce sont des personnes qui sont bénévolées et elles travaillent pour des personnes qui ont des problèmes."

Enzo en a pris plein les yeux. Des merveilles. Ses paupières sont rouges velours, maintenant, et quand elles s'ouvrent, ce n'est plus exactement la vie, c'est autre chose : un spectacle. Il a six ans. Il n'était jamais allé au théâtre. Alice a volé, la lune a roulé comme une boule de neige, et juste après, elle était comme une bulle de chewing-gum aux lèvres de la nuit. Des ombres ont grandi jusqu'à la fable, un chat géant a dansé avec Alice, et aussi, il y avait des masques et des yeux maquillés plus larges que l'horizon... Il y a même eu de l'eau sur scène, Alice y a dansé, et ses amis avec elle, ils ont éclaboussé le coeur d'Enzo, on aurait dit les flaques d'eau d'un trottoir enchanté... Le petit garçon ne savait pas qu'on pouvait rêver si beau, on ne lui avait jamais dit.

Louise a... Non, on ne va pas dire son âge, ça ne se fait pas. Ce qu'on peut dire, c'est qu'elle a encore un sourire de cristal, un souffleur de verre doit lui regonfler le coeur tous les matins. Elle a pourtant eu son lot de détresses, de peines, mais comme tout le monde, elle va vous dire, ni plus ni moins, et puis des joies, aussi, surtout. Elle ne veut retenir que les joies. Elle a, dans le regard, une clairière de conte de fée, un éclairagiste doit lui rallumer les yeux tous les matins. C'est une personne bénévolée, faut croire.

Après le spectacle, quand les applaudissements ont cessé, tout à coup, Enzo a eu si peur de se retrouver les mains vides. Alors, il a pris les mains de Louise dans les siennes. Il les a serrées très fort. Dehors, la nuit était tombée. On venait juste de passer le solstice d'hiver. Et pour Enzo aussi, la lumière recommençait à gagner du terrain.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article